Cette tribune, parue dans le journal Politis le 4 juin 2022, a été rédigée à l'initiative de l'UFISC dans le cadre de la dynamique L'Art Est Public. Et si l’on prenait enfin la diversité culturelle à cœur et à bras le corps ? Au moment où la peur de l’altérité et le repli gagnent les esprits, ce combat est étonnamment absent de la sphère publique. Nos organisations sociales, politiques et économiques changent profondément et la culture est au cœur de ces transformations. Le déploiement de nouveaux imaginaires est un défi collectif. Nous, artistes, chercheur·euse·s, citoyen·ne·s, sommes engagé·e·s pour défendre une culture diverse, solidaire, libre et joyeuse inspirée par tous ceux et toutes celles qui font la France aujourd’hui. Nous avons besoin du soutien de nos élu·e·s pour mener ce combat. Nous avons besoin de programmes ambitieux qui imposent la culture comme enjeu sociétal essentiel. Il y a urgence. Dans un pays qui s’est enorgueilli de porter le combat pour la diversité culturelle, comment expliquer la frilosité de la puissance publique face aux richesses d’expression que portent les personnes et les territoires ? Comment justifier cette défiance face aux expressions qui échappent aux cases du marché et de l’institution ? La diversité culturelle est partout, pour peu qu’on veuille la regarder ! Elle s’incarne dans les dizaines de milliers d’associations et de coopératives(1) qui œuvrent au quotidien, partout sur les territoires. Ces structures représentent une force citoyenne et économique considérable. Elles ouvrent des espaces de liberté, fabriquent du lien, choisissent la coopération plutôt que la concurrence, l’organisation en réseaux plutôt que la verticalité. Pourtant ces structures, comme l’ensemble des initiatives citoyennes, ont pris de plein fouet un plan social quasi invisible mais d'une extrême violence : baisse des subventions, fin des emplois aidés, activité jugée « non essentielle » en raison des restrictions sanitaires. Ces associations, ces coopératives, ces artistes, ces lieux, ces collectifs résistent malgré les difficultés, et à l'instar de beaucoup d'acteurs et actrices de l'agriculture, de la transition écologique, de la santé, du social, de l'éducation..., contribuent à penser et panser les divisions de la société. Nous défendons une culture émancipatrice et respectueuse des droits humains, une économie culturelle sociale et solidaire fondée sur la recherche d’un mieux-être pour tou·te·s plutôt que des profits immédiats. Nous prenons au sérieux la singularité et la dignité des personnes et leur droit d’être des acteur·rice·s de la vie culturelle. Nous inventons d'autres formes d'interventions culturelles que la diffusion d'œuvres à des « publics » : lieux ouverts à la diversité des expressions, interventions artistiques hors des sentiers tracés, partenariats tissés dans la durée sur un territoire, volonté de travailler avec les personnes dans leur diversité. Nous initions d’autres modes de dialogue démocratique, d’autres manières d’habiter les villes et campagnes ; nous contribuons à imaginer, ensemble, un futur vivable face aux effondrements partagés. Les urgences démocratique, sociale, écologique, culturelle nous obligent. Nous en appelons à celles et ceux qui envisagent de siéger dans la prochaine Assemblée nationale : dialoguons ! Nous sommes porteur·euse·s de propositions pour une refonte des politiques culturelles, encore marquées aujourd’hui par une vision surplombante de l’accès des « publics » à « l’excellence artistique », ou prétendant soumettre les expressions aux lois de la rentabilité marchande. Face à la tentation de mettre la culture dans des cases, nous préconisons des politiques transversales ; face à la verticalité des décisions, nous demandons des espaces de concertations ; face aux visions à court terme, nous proposons l’accompagnement au long cours de démarches de transition. C’est le sens de l’appel L’Art Est Public. C'est un enjeu fondamental pour la démocratie au moment où elle est gravement menacée. Il y a urgence et nous sommes prêt·e·s. (1) 82% des entreprises du spectacle vivant, représentant 48% de la masse salariale du secteur sont sous forme associative. 30% des entreprises de l'édition phonographique, audiovisuelle, cinématographique, le sont aussi, des milliers d’associations se développent dans les arts visuels, le livre, le patrimoine. Signataires
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L’extrême droite est une nouvelle fois au second tour de l’élection présidentielle avec une éventualité de l’emporter. Les responsabilités en sont multiples, mais la situation exige un acte clair de refus des idées de l’extrême droite portées par le Rassemblement National et Mme Le Pen.
Nous ne nous leurrons pas. Nous entendons depuis plus de vingt ans les discours de repli, de refus de l’autre, de fermeture des frontières, d’intolérance et d’appels à la discrimination de Mme Le Pen. Nous nous révoltons contre sa remise en cause des droits humains fondamentaux, droits universels, inconditionnels et indivisibles. Nous nous opposons aux replis identitaires figés et sclérosants, aux illusions d’une préférence nationale qui divise et trie parmi les plus pauvres, aux velléités autoritaires contre l’Etat de droit, à l’affaiblissement des droits humains contre les plus fragiles. Comme affirmé dans l’appel unitaire du 16 avril, « En rejetant Marine Le Pen, il s’agit d’empêcher l’avènement d’un projet de société destructeur de l’État de droit, de la république démocratique sociale et solidaire que nous défendons chaque jour. » Nous proclamons la force de nos valeurs républicaines, Liberté, Egalité et Fraternité. Elles s’ancrent à la fois dans la reconnaissance des personnes, de leur égale dignité, de leurs pouvoirs d’agir et dans notre responsabilité solidaire et démocratique. Alors que la possibilité d’un accès à la Présidence de la République par l’extrême droite gagne du terrain, le barrage par le vote est essentiel. Sans que cela soit d’aucune manière un quitus pour son bilan, ni une approbation de son programme, nous appelons à se saisir du bulletin de vote du seul candidat républicain, Emmanuel Macron. Pour lutter contre les inégalités et pour construire de nouveaux droits, nous continuerons à nous engager au quotidien dans nos activités culturelles et solidaires, en faisant front commun dans les mobilisations sociales et citoyennes. C’est le sens de notre mobilisation L’Art Est Public. Nous en appelons à la responsabilité publique et :
Nous vous proposons un temps de décryptage des programmes culture portés par les candidat·e·s à la Présidentielle, ainsi qu'un point d'étape de notre campagne L'Art Est Public pour une culture de la diversité et de la solidarité. → Mardi 29/03, 14h00-14h45 - en ligne (le lien de connexion vous sera transmis après inscription ci-dessous). |